Kinshasa, République démocratique du Congo. Simon Tango, dit « Carole ». Ancien gardien de but de l’équipe nationale de football entre 1966 à 1972. Initialement appelé « les Lions », l’équipe nationale subit une défaite cuisante contre les Black stars du Ghana. Mobutu, humilié, rassemble les meilleurs joueurs congolais et reforme l’équipe nationale qu’il renomme « les Léopards ». Carole vit les premiers succès de l’équipe lors de la coupe d’Afrique des Nation (CAN) en 1968, et joue le premier match de l’équipe en tant que Zaïre, au Cameroun, en février 72. Deux ans plus tard, le Zaïre remporte la CAN organisée en Égypte. « Pendant les années Zaïre, les footballeurs ont été choyés. Aujourd’hui, les anciens joueurs sont totalement abandonnés ». Interview réalisée le 12/11/2015.Portrait posé à son domicile.
Simon Tango, aka « Carole ». Former goalkeeper in the national football team from 1966 till 1972. First called The Lions, the national team suffers a stinging defeat against the Ghana Black Stars. Humiliated, Mobutu gathers the best Congolese players and constitutes a new national team called The Leopards. Carole is part of the team’s first successes at the Africa Cup of Nations in 1968 and plays the team’s first game as Zaire back in February 1972 in Cameroon. Two years later, Zaire wins the Cup in Egypt. “During the Zaire years, football players were pampered. Today, former players are totally abandoned”.

 

Kinshasa, République démocratique du Congo. Makengo Illenge. Né en 1936, dans la province du Bandundu. Policier formé par les Belges, il s’engage dans l’armée en 1959. Il commence ca carrière comme infirmier pour la force aérienne. En 1964, il est envoyé à Stanleyville (Kisangani) lors de la guerre contre les Simbas. Il participe ensuite à la première et à la deuxième guerre du Shaba (ancienne province du Katanga) de 1977 et 1978 lors desquelles les rebelles du FNLC (front national de libération du Congo) luttent contre Mobutu, avec le soutien de l’Angola et de Cuba. Il est ensuite envoyé à Beni, où il est nommé superviseur d’infirmerie. Il y restera trois ans avant de rejoindre sa femme et ses cinq enfants restés à Kinshasa, où il vit encore aujourd’hui. Interview réalisée le 22/11/2015.Portrait posé à son domicile.

Makengo Illenge. Born in 1936, Bandundu province. Police officer trained by the Belgians, Makengo enlists in the army in 1959 and starts a career as a nurse in the air force. In 1964, he is sent to Stanleyville (Kisangani) during the war against the Simba. He then takes part to the first and second Shaba wars (former Katanga province) from 1977 to 1978 that sees the FNLC (Front for the National Liberation of the Congo) fighting Mobutu with support from Angola and Cuba. He is then sent to Beni (North Kivu) as head of infirmary for three years before coming back to his wife and children in Kinshasa, where he still lives today. Interviewed on 22/11/2015. Posed portrait at home.

Kinshasa, République démocratique du Congo. Masamba Toukala Kiese, menuisier charpentier et membre de la fanfare Kibanguiste. Né en 1931 à Mbanza Ngungu, il s’installe à Léopoldville en 1963 ; la ville est en plein boum démographique et a besoin de main d’œuvre. En 1983, Mobutu l’envoie à Mbandaka, avec une centaine d’ouvriers pour construire un palais dans la capitale de sa province natale. Masamba y restera huit mois. Le jour de l’inauguration, le président lui remit une médaille du mérite. « Mobutu était un homme bon et mauvais à la fois : si il appréciait ton travaille, il te couvrait d’argent. Mais dès que tu lui déplaisais, cela tournait très mal ».Interview réalisée le 15/11/2015Portrait posé à son domicile.
Masamba Toukala Kiese, carpenter and member of the Kibanguiste marching band. Born in 1931 in Mbanza Ngungu, he settles in Leopoldville (Kinshasa) in 1963. The city undergoes a booming demography and needs workforce. In 1983, Mobutu sends him and a hundred workers to Mbandaka to build a palace in his native province capital city. Masamba stays there eight months. On the official opening, the president gives him a merit medal. “Mobutu was a good and evil man at the same time; if he liked your work, he would cover you with money. But if you displeased him, it turned very sour”. Interviewed on 15/11/2015. Posed portrait at home.

Kinshasa, République démocratique du Congo. Modeste Eboma Makundu est né à Mongbenbe en 1954 et commence sa carrière dans la jeune administration post coloniale. Proche de la famille Mobutu en Equateur, il obtient un poste dans une société allemande de fabrication de savon et d’huile. Après un court séjour en Allemagne, il s’installe à Kinshasa où il « devient » élu du MPR (Mouvement pour la Révolution) dans la commune de Kimbanseke. En 1991, lorsque Mobutu autorise le multipartisme, il crée sa propre formation, le PADER, qui ne rencontre pas un grand succès. En 2006, il s’associe avec Nzanga Mobutu et fonde l’UDEMO (Union des démocrates mobutistes), dont il est actuellement le vice-président.Interview réalisée le 27/11/2015.Portrait posé à son domicile.
Modeste Eboma Makundu was born in Mongbenbe in 1954 and starts his career in the young post-colonial administration. Close to the Mobutu family in the Equateur province, he gets a job in a German soap and oil company. After a short stay in Germany, he settles in Kinshasa where he “becomes” an elected member of the MPR (Popular Movement of the Revolution) in the city’s Kimbanseke administrative district. In 1991, as Mobutu opens the country to multipartism, he creates his own party, the PADER, which isn’t a great success. In 2006, he joins forces with Nzanga Mobutu and founds UDEMO (Union of the Democratic Mobutists) as its vice president.

 

Kinshasa, République démocratique du Congo. Bikunda Buele Nzoko, dit « vieux Bikunda ». Né en 1939 à Leopoldville, de parents pêcheurs, il entame sa carrière de musicien à 14 ans, dans le groupe Watana, jouant des maracas aux cotés deDewayon et Franco. C’est ce dernier qui le pousse à devenir guitariste. Après plusieurs tournées en Europe, il fonde les Victoria Bakolo Music en 1998, à la demande de Wendo Kolosoy, star de la rumba congolaise. Le groupe, l’un des favoris de Mobutu, joue régulièrement au Palais national et à Gbadolite. Après la disparition de leur leader, les Bakolo Music continuent d’interpréter leurs classiques, tel « Marie-Louise » dans les clubs de la capitale.Interview réalisée le 10/11/2015.Portrait posé dans la salle de répétition.

Bikunda Buele Nzoko, said “vieux Bikunda”. Born in 1939 in Leopoldville of fishermen parents, he starts his career as a musician for the Watana group at age fourteen, playing the maracas with Dewayon and Franco. The second pushes him to take on the guitar. After several tours in Europe, he founds the Victoria Bakolo Music in 1998 on rumba-star Wendo Kolosoy’s request. One of Mobutu’s favourite, the band regularly performs at the national palace of Gbadolite (Equateur province). After their leader’s death, the Bakolo Music continues to interpret their classics as Marie-Louise in the capital city’s clubs. Interviewed on 10/11/2015. Posed portrait in the rehearsal room.

Kinshasa, République démocratique du Congo. César Sinda, ex-champion de boxe. Né en 1948, d’une famille de douze enfants, César devient boxeur après que sa sœur se fasse attaquer à l’école. Il devient champion national des poids légers, puis est couronné champion d’Afrique en Zambie. A son retour à Kinshasa, Mobutu est absent, mais laisse des ordres pour lui attribuer une maison et une voiture neuve, dont il ne verra jamais la couleur. En 1969, il est envoyé aux jeux olympiques de Mexico. Quand Mohamed Ali arrive à Kinshasa, César Sinda est au Etats-Unis, dans l’espoir d’y suivre un entrainement professionnel pour devenir champion du monde des poids légers. Parti avec six dollars en poches, un pasteur de New York le prend sous son aile et l’adopte officiellement. Après plusieurs défaites, sa carrière décolle enfin. Mais en 1978, il retourne au Congo pour enterrer son père. Quelques mois plus tard, sa sœur décède, et son passeport est volé. Il décide alors de rester à Kinshasa, et devient entraineur. Il sera couronné de l’ordre du Léopard par Mobutu.Interview réalisée le 21/11/2015.Portrait posé à son domicile.

 Cesar Sinda, former boxing champion. Born in 1948 in a family of twelve, Cesar becomes a boxer after his sister got attacked at school. He becomes a national champion in light weights and is then awarded champion of Africa in Zambia. Upon his return in Kinshasa, Mobutu is away but leaves specific instructions for a house and a new car to be given to the champion. Cesar will never see the colour of it all. In 1969, he is sent to Mexico’s Olympics. When Mohamed Ali arrives in Kinshasa, Cesar Sinda is in the United States hoping to follow a proper professional training to become a world champion of light weights. Gone with 6$ in his pocket, a New York pastor takes him under his protection and officially adopts him. After several defeats, his career takes off at last. But in 1978, he returns to Congo to bury his father. His sister dies several months later and his passport is stolen. He then decides to stay in Kinshasa and becomes a trainer. Mobutu decorated him of the Order of the Leopard.

 

Kinshasa, République démocratique du Congo. Edingwe, catcheur féticheur. Figure de proue du catch zaïrois dans les années 70, Edingwe « moto na ngenge » (le tout puissant) popularise le catch féticheur au Zaïre. Véritable légende vivante, la « locomotive qui fume » est connue pour arracher les tripes de ses adversaires lors des combats. Il terrorise le jeune public en usant de la magie noire et des fétiches, qui deviennent la norme sur les rings de la capitale. Malgré son déclin progressif, le catch continue d’avoir un certain succès au Congo. Interview réalisée le 11/11/2015. Portrait posé à son domicile.

Edingwe, fetishist wrestler. As a leader of Zairian wrestling in the seventies, Edingwe “moto na ngenge” (the almighty) brought fetishist wrestling into Zaire’s streets. True live legend, the “smoking engine” is widely known for tearing his opponents’ bowels apart during fights. He terrifies the younger audience using black magic and lucky charms, and they become common feature on the capital city’s wrestling rings. Despite its slow decline, wrestling still has some sort of ongoing success in DRC today.

Kinshasa, République démocratique du Congo. Honoré Augustin Kabala Mwanbay. Né en 1942 au Kasaï occidental. Agent à la Société minière de Bakwanga ( MIBA), active dans l'exploitation du diamant. Dès les années septante, la MIBA subit de plein fouet la gestion de Mobutu, qui puise dans les recettes de la société pour assouvir ses ambitions personnelles. Honoré Augustin, qui a suivit une formation pastoral en 1964 devient alors Révérant, et s’installe à Kinshasa. Il rejoint le mouvement religieux Kimbanguiste, en plein essort depuis sa reconnaissance par le pouvoir en place. Il restera jusqu'à aujourd’hui. Il garde un bon souvenir de l’époque Zaïroise, malgré l’inflation et la corruption.Interview réalisée le 13/11/2015.Portrait posé devant son domicile.

Alfred Lyolo, sculpteur. Né en 1943, à Bolobo, dans l’ancienne province du Mai-Ndombe. Apres avoir étudié les beaux-arts à Brazzaville, il part poursuivre ses études en Autriche en 1963. Il rencontre Mobutu en Allemagne. Le nouveau président, en visite officielle, lui glisse « le pays à besoin de ses artistes ». Lyolo rentre au Zaïre avec son épouse autrichienne et devient professeur à l’académie des Beaux-Arts. Le cabinet de la présidence, qui veut « donner un nouveau souffle à la culture », lui commande de nombreuses sculptures en bronze pour orner les places publiques et les palais de Mobutu.

Constant, photographe, né en 1943 à Kisangani. Son père, enseignant, est passionné de photographie. Lors de son premier voyage en Europe, il ramène un appareil Kodak. Ses deux fils apprennent la photographie auprès d’Alberto, un commerçant portugais qui tient un labo à Kinshasa. Ils lancent ensemble leur premier studio, et Constant devient photographe officiel du parlement. Pendant deux décennies, il photographie les personnalités qui viennent rendre visite au Maréchal : Hailé Sélassié, Jean Paul II, Mohamed Ali, le Roi Baudouin. « Mobutu était un homme qui aimait excessivement la photographie. Il posait toujours longuement avec ses invités, pour être sûr que vous ne ratiez pas la photo ». Le 24 novembre 1990, il photographie les larmes de Mobutu lors de son discours à la nation. La sécurité tente alors d’arracher les films des photographes, mais il réussit à s’éclipser. Quand l’AFDL arrive à Kinshasa, il est obligé de se débarrasser de toutes ses archives photo, pour éviter les foudres du nouveau régime.

Zairois-11

Paul Mayena, saxophoniste de jazz, né en 1938. Il se forme à la fanfare Saint-Antoine de Kolwezi. Son père lui donnera le goût de la musique en lui passant des disques de Charlie Parker et Duke Ellington. Arrivé à Lubumbashi, il forme son premier groupe : Banka Jazz. Lors d’un concert à Kinshasa avec Pongo Love, grande voix de la rumba congolaise, il rencontre Mobutu. Il recevra son premier saxophone du Maréchal quelques années plus tard. Il quitte le Zaïre en 1981 pour des raisons économiques et part s’installer à Pointe-Noire, où il créé un nouveau groupe. Il fera ensuite de nombreuses tournées européennes avec le groupe Super Boboto de Brazza. En 2012, il retourne à Kinshasa, fuyant la guerre civile qui ravage le Congo Brazzaville.